KAMIT DOLLS

Des années 50 à plus récemment plusieurs expériences et tests ont été menés, notamment aux États-unis, pour montrer l’impact du racisme et de la ségrégation sur l’estime de soi des enfants noirs. La plus connu mettait en scène 21 enfants noirs et deux poupées, l’une noire et l’autre blanche. On leur demandait quelle était leur poupée préférée et pourquoi.
Sur 21 enfants 15 n’aimaient pas la poupée noire pourtant celle qui leur ressemblait. Ils la trouvaient moche et méchante lui préférant la blanche car belle et gentille. Ayant profondément été meurtri par ce documentaire, je me suis juré d’inculquer que cela n’arriverait jamais à mes enfants.
Chaque poupée noire offerte était magnifiée, chaque message transmis valorisait la communauté noire, tout était prétexte à ce que mes enfants se sentent beaux et surtout fiers d’être noirs.
Pourtant un jour, en observant ma fille jouer avec ses poupées, je me suis rendu compte qu’elle jouait de préférence avec des poupées que d’autres lui avait offert et elles étaient blanches. Quand je lui en ai demandé la raison elle n’a pas su me répondre. Pourquoi même si elle trouvait les poupées noires belles, elle préférait quand même jouer avec les blanches.
Mes convictions ont alors volé en éclats, j’avais sous-estimé l’impact de la société dans l’éducation de mes enfants. Ça ne suffit pas d’avoir des certitudes car les messages que l’on passe à nos enfants se heurtent à la société dans laquelle nous vivons.

Ce que je leur dis ne se reflète pas dans la société occidentale et même mondial car aujourd’hui tous les codes sont calqués sur l’occident. C’est à partir de ce constat que je me suis rendu compte que pour se sortir de là je devais, à mon échelle, valoriser nos propres codes dans la société. C’est alors que l’idée de KAMITDOLLS a mûri dans ma tête.

Ma fille aimant les poupées et bien j’allais créer une magnifique poupée noire qui s’appellerait comme elle, Kadee. La lutte, parce que c’en est une, commence par cette forme de culte de l’identité Afro et chacun de nous (parents) devons y participer.
C’est donc naturellement qu’au moment où j’ai eu la possibilité de créer un business, je me suis dit que c’était le moment de passer de la parole aux actes. J’allais me lancer dans la création de poupées BJD (Ball Jointed Doll). C’est la dernière génération de poupées articulées de collection venues d’Asie et malgré les réticences de certains fabricants de poupées qui ne comprenaient pas mon obsession alors que les blanches faisaient un tabac sur le marché, la mienne serait noire. Mon but n’est pas de faire un tabac, je veux juste rendre ma fille fière et c’est pour cela que les poupées KAMITDOLLS seront toujours plus que des poupées.